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voyage hors du temps : transhumance dans la vallée du Johar

22/08/2022

voyage hors du temps :  transhumance dans la vallée du Johar

Le journal de notre voyage au cœur de l’Himalaya avec un troupeau de 350 moutons est là, accompagné de photos de chaque étape. Alors on vous embarque dans cette aventure l’espace d’un instant ?

Il y a des endroits que l’on n'oublie pas. Des personnes qui restent gravées dans notre mémoire. Des moments si précieux que même les mots couchés sur le papier ne pourront décrire.

La vallée du Johar sera l’un de ces endroits. Les bergers qui m’accompagnaient de ceux qui restent présents. Cette transhumance dans les hauteurs de l’Himalaya comme un rêve éveillé.

Ici vous trouverez un récit qui permet de comprendre et appréhender le territoire.

 

 

JOUR 1 : LILAM / BABALDHAR (7km)

 

le départ pour la transhumance

 

Le jour du grand départ est arrivé ! Papier de permission signé par le ITBP (indian-tibet-border-police) en poche, nous voilà fin prêts : Ganga, mon acolyte d’aventure lainière, Prahalad, notre porteur, et moi-même.

 

Les bergers et le troupeau que nous accompagnons ne sont pas encore arrivés. Ils partent de Munsyari aujourd’hui et nous rattraperont le lendemain. On a pris de l’avance car le premier jour de marche est le plus difficile : nous allons gravir le sommet Mein Siha. D’un coté Lilam, de l’autre Babaldhar. Puis demain on redescendra pour retrouver et longer le reste du voyage la rivière Gauri Ganga qui dessine la Vallée du Johar.

 

Quelques années plus tôt, il n’y avait pas besoin de franchir Mein Siha. Le chemin suivait la rivière depuis Munsyari. Mais avec les éboulements qu’elle entraine par sa force incroyable, l’ancienne route en contrebas de Lilam a été abandonnée. Et une nouvelle route a été tracée à travers la montagne à cet endroit.

 

Ce premier jour de marche est marqué par notre rencontre avec d’autres bergers et troupeaux et par les croisements sans fin avec les mulets qui transportent les marchandises de Lilam à Milam, les voitures et autres véhicules ne pouvant pas atteindre les villages reculés d’altitude.

Tous, mulets et chevaux sont ornés de cloches, colliers de perles ou clochettes et pompons, lors de leur traversé chargée. La plupart des marchandises transportées sont pour l’armée, le ITBP, ou encore les hôtels des villages.

Certains bergers et troupeaux sont également accompagnés d’un ou deux chevaux pour transporter leur chargement jusqu'à leur destination finale de pâturage.

 

A Babalgar, nous nous arrêtons dans le refuge d’un ami de Prahalad, Une hutte en pierre avec toit de chaume traditionnel.

 

 

JOUR 2 : BABALDHAR / BOUGDIYAR (6km)

 

départ en transhumance dans l'himalaya

 

On redescend sur la rivière Gauri Ganga que l’on ne quittera plus, et dont le tumulte monte continuellement vers les cîmes.

Nous suivons un troupeau. Les bergers partent à peu près tous en même temps. Ils se suivent les uns les autres dans les montagnes jusqu’à leurs différentes destinations.

 

Bougliyar, est le premier poste de contrôle du ITBP. Les bergers dont nous allons intégrer l’équipe arrivent en même temps au poste de contrôle.

 

Le groupe est constitué de plusieurs éleveurs, un berger et un troupeau de 350 bêtes (moutons et chèvres).

-Chander : éleveur, il possède 300 bêtes ;
-Laxman : berger, il est le partenaire de Chander. C’est lui, seul, qui restera avec le troupeau dans les alpages ;
-Khushal : éleveur, 25 bêtes ;
-Gomi : éleveur, 15 bêtes ;
-Deepu : éleveur, 10 bêtes

Les 3 éleveurs possédant des tout petits troupeaux les confient à Chander et Laxman pendant toute la saison d’été. Ils accompagnent le groupe pour la transhumance jusqu'au village de Milam.

 

A Bougliyar ce jour-là, pas moins de 5 troupeaux en transhumance s’arrêtent pour la nuit.

 

 

JOUR 3 : BOUGDIYAR / MAPANG (6km)

 

en transhumance dans l'himalaya

 

Levé 4h30 du matin. Défaire le campement et charger les chèvres. Les plus imposantes sont chargées comme les mulets avec des petits sacs en toiles de jutes disposés de chaque coté à l’équilibre sur leur dos et remplis des vivres pour le voyage.

Départ 5h du matin. Première journée de marche à la suite de notre troupeau.

 

Je ne m’y attendais pas… mais ils étaient là. Nombreux sur le chemin. Les glaciers. Ceux qui avaient glissé depuis là haut jusqu’à nos pieds, certainement dans un fracas assourdissant, entrainant avec eux la roche.

On marchait sur des glaciers. On touchait des glaciers qui fondaient comme neige au soleil.

 

A 3000m d’altitude, Mapang, arrivée vers 10h, on installe le campement.

 

Les journées se ressemblent :

-Arrivée au campement, les premières activités sont : ramasser du petit bois, aller chercher de l’eau et préparer du jya, thé local salé avec du beurre ;
-Une fois les moutons mis à patûrer plus haut : préparer le déjeuner
-L’après midi, sieste pour tout le monde
-En soirée, redescendre les moutons, préparer le diner, monter la tente, aller rechercher de l’eau, soigner les bêtes si nécessaire.
-Petite veillée au coin du feu et dormir tôt une fois tout le bois consommé !

 

 

JOUR 4 : MAPANG / MARTOLI (15km)

 

au petit matin dans l'himalaya

 

Martoli est l’un des villages les plus connus et emblématiques de la vallée du Johar. Malheureusement la route passe en contrebas du village. Nous n’aurons pas l’occasion de le voir.

 

Oui, j’ai bien écris : la route. Depuis hier, nous avons laissé derrière nous les chemins pavés, et croisons parfois des pelleteuses et des petits groupes de travailleurs du PWD. L’Etat de l’Uttarakhand construit depuis plusieurs années une route pour relier Milam à Lilam. La montagne parfois tressaute et les roches éclatent dans un fracas assourdissant sous les détonations. Nous continuons donc l’ascension sur cette route pierreuse et ô combien poussiéreuse qui fait la fierté du gouvernement régional.

Dans plusieurs dizaines d’année il sera possible de faire Munsyari – Milam en seulement 1 jour à l’aide d'un véhicule motorisé.

 

En chemin, nous nous arrêtons à Rilkot pour prendre le thé. L’occasion de vous parler des dhabas, sorte de refuge tenu principalement par des femmes où il est possible de se restaurer le matin, le midi et le soir, et aussi d’y dormir. Ce sont des lieux de rencontre, de partage et d’échanges où séjournent les travailleurs et voyageurs. Nous y croisons les propriétaires des mulets et chevaux qui acheminent les marchandises dans la vallée, les habitants qui font le trajet jusque leur village, les travailleurs népalais qui transportent des matériaux de construction pour l’armée ou le ITBP.

 

 

JOUR 5 : MARTOLI / BURPHU (4km)

 

en transhumance dans l'himalaya

 

Découverte du premier alpage. Certains bergers y restent plusieurs mois.

L’alpage est immense, surplombé par 2 villages d’altitude. La rivière en contrebas s’est apaisée. Mais ça souffle !!

 

Le vent se lève vers 9h et s’arrête de souffler aux alentours de 17h-18h. Il a commencé à nous accompagner dès Mapang, mais là il s’est décuplé ! A peine arrivés, un peu avant 9h, les bergers se mettent à chercher du petits bois et à préparer le déjeuner. Un véritable challenge que de faire du feu sous les bourrasques ! On ne pourra pas monter les tentes avant 18h ce soir, au risque qu’elles ne prennent leur envol !

Il n’y a pas d’endroit pour s’abriter dans l’alpage.

 

Dans les villages les toits en pierre des maisons, pourtant costauds, ne résistent plus au vent. La plupart des maisons, abandonnées, n’ont plus de toit. Et les habitants qui viennent encore vivre dans leur village d’altitude, réparent leurs toits à l’aide de bâches en plastique.

Avec la fermeture de la frontière tibétaine et donc l’arrêt du commerce avec le Tibet, les villages s’éteignent lentement.

Aujourd’hui les familles originaires de la vallée du Johar viennent pour chercher des herbes médicinales et/ou aromatiques qui ne poussent qu’en altitude. Elles les revendent ensuite assez cher sur le marché de Munsyari ou ailleurs. Seules les familles originaires des villages du Johar ont le droit de cueillir ces plantes dans leurs forêts respectives.

 

 

JOUR 6 : BURPHU / MILAM (11km)

 

le glacier de Milam

 

Ce matin-là nos chemins se séparent. Les bergers continent leur transhumance à travers l’alpage et au-delà tandis que Ganga, Prahalad et moi bifurquons sur l’autre rive pour rejoindre le village de Milam qui se situe de l’autre coté de la rivière.

J’ai un permis pour aller voir le glacier de Milam, alors on en profite : Prahalad a vu le glacier pour la dernière fois il y a 20 ans.

 

Milam est le dernier village avant la frontière tibétaine du Kumaon. Il ressemble aux autres villages de la vallée, en ruine, mais de taille plus importante. Vestige d’un commerce actif avec le Tibet. Aujourd’hui il est le lieu privilégié du ITBP. C’est le 14ème poste de la frontière indo-tibétaine.

 

Il paraît que pour rejoindre le glacier depuis le village il faut encore marcher 5 km…

Après 5 km de marche, nous arrivons au panneau de point de vue sur le glacier. Nous y découvrons la rivière qui s’écoule depuis l’horizon. Un paysage lunaire à perte de vue. Pas le moindre glacier dans notre champ de vision.

Sommes-nous surpris ? Pas tant. Ce n’est pas un scoop que les glaciers fondent. Mais être devant le fait, ça remue les tripes.

Il y a 20 ans, Prahalad est formel, on pouvait voir le glacier depuis le panneau de point de vue.

 

Alors on s’est mis à remonter la rivière pour voir le glacier. Pendant le trajet, ma tête était remplie d’images de glaciers blancs immaculés… Quelle surprise ! Le glacier est noir.

 

Gauri Ganga est là déjà tumultueuse à sa source. Le glacier de Milam a les pieds dans l’eau.

 

 

JOUR 7 : MILAM / BOUGDIYAR (36km)

 

en transhumance dans l'himalaya

 

Le chemin du retour s’annonce déjà ! Nous partons tôt le matin, et traversons à nouveau la rivière sur un pont bringuebalant pour rejoindre les bergers et le troupeau qui arrivent au niveau de Milam sur l’autre versant.

Ils vont continuer leur transhumance au-delà de Milam, dans les hauteurs. Mon permis ne me permet pas d’aller plus loin. Certains bergers sont parfois également contraints dans leur déplacement par le ITBP.

 

Apparemment, là haut, juin et juillet, la montagne se pare de mille fleurs toutes colorées et toutes petites.

 

 

JOUR 8 : BOUGDIYAR / LILAM (13km)

 

Nous arrivons à Munsyari en soirée. Le voyage du retour aura été intensif, et mes pieds n’ont pas survécu au 36km de marche de la veille.

 

Je vous laisse avec comme dernière image les plus beaux de ce voyage !

 

groupe de bergers éleveurs

De gauche à droite : Kushal éleveur ; Laxman, berger-partenaire ; Ganga, mon acolyte d’aventure lainière ; Prahlad berger et porteur pour l’occasion ; Chander, éleveur.